Cette société compte jouer la carte de la transparence en entrant en Bourse pour attirer davantage de capitaux et se mesurer aux plus grands acteurs.

Capture d_écran 2018-06-17 à 00.16.22Une sortie médiatique difficile à rater. Digne d’une profession de foi. «Nous croyons que nous serons un important concurrent de Coinbase et des autres plateformes américaines d’ici la fin de l’année», a lancé à Bloomberg le patron de Coinsquare, Cole Diamond (un nom précieux dans le métier).

Si vous n’en aviez jamais entendu parler, Coinsquare est un site d’échanges torontois qui permet de négocier du bitcoin, de l’ethereum, du litecoin ou encore du dash (et le ripple s’en vient). Tout ça via une interface simplifiée et en facturant des frais de transaction au plancher puisque les commissions oscillent entre 0,1 et 0,4%.

Un service attirant pour les investisseurs débutants, à côté duquel Coinsquare propose une version «wealth», pour des clients naturellement plus fortunés. L’offre la plus haut de gamme, la version «diamant» (ça ne vous fait penser à personne), permet des opérations par tranche de 100.000$.

coinsquare portfolio buffett

Les présentations faites, revenons à l’opération de com du PDG qui ambitionne de quintupler le nombre d’utilisateurs d’ici la fin de 2018, pour atteindre donc les 500.000 abonnés. Contre au moins 15 millions pour Coinbase, rappelons-le.

Ces places de trading de cryptomonnaies se livrent une concurrence féroce car, si la demande les submerge, l’histoire récente de leur secteur a déjà été entachée de nombreux scandales (Mt.Gox, BitConnect, etc.).

À la régulière?

Pour tenter de se décrotter de cette mauvaise réputation, Coinsquare a alors choisi de recourir à «la bonne vieille méthode» de l’introduction en Bourse.

Dans les règles de l’art, assure Diamond, une entrée par la grande porte, à savoir le Toronto Stock Exchange (TSX), et non pas la Bourse de croissance (TSX Venture) qui pourtant lui coûterait moins et serait orchestrée plus rapidement.

Plusieurs sociétés cryptos ont utilisé le raccourci du TSXV au cours des derniers mois, en opérant par prise de contrôle inversées (reverse takeovers).

Ces RTO, comme on les appelle dans le jargon financier, exigent des prospectus moins volumineux et s’accompagnent d’un examen de la commission des valeurs mobilières moins approfondi.

Ces règles d’inscription plus coulantes exposent à un certain degré de risque ou en tout cas de volatilité accrue.

Nous avions déjà pris un exemple concret au pays, avec cette entreprise qui avait abandonné l’exploration minière pour le minage des cryptomonnaies. Son cours de Bourse avait été multiplié par 18 en un rien de temps avant de retomber (son titre, HIVE, a d’ailleurs chuté de 6,7% aujourd’hui).

Offensive internationale

Le petit poucet ontarien Coinsquare a donc pour ambition de s’attaquer au géant américain Coinbase sur son propre terrain mais entend également percer sur le marché britannique.

Et pour financer ces plans d’expansion, la direction espère lever 150 millions de dollars (120 millions $US) lors d’un premier appel public à l’épargne en septembre prochain.

« Nous comptons engager 200 personnes de plus »

Un joli pari sur l’avenir en somme pour cette plateforme qui certes accepte les dollars canadiens, possède une interface web ou mobile très ergonomique et, surtout, revendique une politique de sécurité en stockant la majorité de ses actifs sur des serveurs hors ligne. Mais les traders un peu plus expérimentés risquent en fait de lui reprocher son extrême simplicité.

Toutefois, Coinsquare grandit. L’entreprise a emménagé il y a une semaine dans ses nouveaux bureaux en plein cœur de Toronto et s’apprête à engager des centaines de personnes supplémentaires dans les mois à venir en leur promettant de «participer à la construction du futur de la monnaie et des paiements».

Une trajectoire qui lui permettrait de conclure sous peu un financement privé de quelque 50 millions de dollars.

〉 Article paru initialement sur mon blog Mine de rien, du journal Les Affaires.

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